Écrit par Alter Presse, Haïti, publié le 1er déc. 2022
L’organisme de droits humains la Fondasyon je klere (Fjkl) recommande de prendre une résolution en Conseil des ministres écartant des prochaines compétitions électorales les personnalités politiques visées par les sanctions américano-canadiennes et leurs familles, ce, jusqu’à l’aboutissement des enquêtes qui seront diligentées, dans un rapport dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Il souhaite également la publication des déclarations de patrimoine des personnes accusées, aux fins de permettre à la population, aux lanceurs d’alerte et à la presse spécialisée d’aider la justice à détecter les cas de fausses déclarations et de déclarations inexactes.
Cette décision permettra de punir les auteurs de ces crimes et combattre l’enrichissement inexpliqué, estime la Fjkl.
Les infractions pour lesquelles les sanctions sont prises contre certaines personnalités du monde politique sont ’’graves’’, souligne-t-elle.
Le 20 novembre 2022, le gouvernement du Canada a décidé de sanctionner l’ancien président Joseph Michel Martelly et deux anciens premiers ministres, Laurent Salvador Lamothe et Jean Henry Céant, suspectés d’être de mèche avec les gangs armés en Haïti.
Le gouvernement du Canada a aussi annoncé des sanctions contre le sénateur Rony Célestin, l’ancien sénateur Hervé Fourcand et l’ancien député Gary Bodeau, qui ont utilisé, selon lui, leur statut dans la fonction publique en Haïti pour alimenter les activités des gangs armés.
Le 3 novembre 2022, le président du tiers restant du sénat haïtien, Joseph Lambert, et l’ancien président du grand corps, Youri Latortue, ont été également sanctionnés pour des activités criminelles, dont le trafic de drogue, par le Canada et les États-Unis.
Le régime des sanctions imposées à des personnes politiquement exposées peut représenter une bonne opportunité pour Haïti pour prendre enfin la voie de la bonne gouvernance et de la reddition de compte, affirme l’organisme de défense des droits humains.
L’application de ces sanctions dans le respect des droits de tous et de chacun peut contribuer à modifier le comportement des acteurs économiques et politiques dans le processus du changement, espère-t-il.
Même si, entre-temps, la faiblesse des institutions de lutte contre la corruption et de la justice peut être un obstacle à la recherche et le rétablissement de la vérité dans tous ces cas de crimes financiers et de crimes de sang, met en garde la Fjkl.
« Un effort doit être fait pour qu’Haïti ne rate pas à nouveau le train. »
La Fondasyon je klere suggère l’activation, dans le respect de la loi et des droits de tous et de chacun, des enquêtes contre toutes les personnes visées par les sanctions, la mise à profit de la coopération internationale et l’entraide judiciaire aux fins d’obtenir le maximum d’informations et de renseignements possibles pour l’avancement des enquêtes.
Elle appelle aussi au renforcement des institutions de lutte contre la corruption tant sur le plan normatif que sur le plan de ressources humaines crédibles et qualifiées.
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