L’Alliance noire pour la paix (BAP) condamne la proposition du Kenya de mener ce qui s’apparente à une intervention armée étrangère en Haïti

Par Rezo Nodwes, Haïti, publié le 4 août 2023

Alliance Noire pour la Paix | Black Alliance for Peace : En Haïti, le Kenya choisit la servitude impérialiste plutôt que la solidarité panafricaine

L’Alliance noire pour la paix (BAP) condamne avec la plus grande fermeté la proposition du Kenya de mener ce qui s’apparente à une intervention armée étrangère en Haïti.

Le Kenya a proposé de déployer un contingent de 1 000 policiers pour aider à former et à assister la police haïtienne, soi-disant pour « rétablir l’ordre » dans la république des Caraïbes. L’occupation d’Haïti par un pays africain n’est pas du panafricanisme, mais de l’impérialisme occidental à visage noir. En acceptant d’envoyer des troupes en Haïti, le gouvernement kenyan contribue à saper la souveraineté et l’autodétermination du peuple haïtien, tout en servant les intérêts néocoloniaux des États-Unis, du Core Group et des Nations unies.

Il est urgent de clarifier la question de l’occupation en Haïti. Comme décrit dans une récente déclaration sur Haïti et le colonialisme, Haïti fait l’objet d’une occupation permanente.Aucun appel à une intervention étrangère en Haïti de la part de l’administration du Premier ministre nommé Ariel Henry ne peut être considéré comme légitime, parce que l’administration Henry elle-même est illégitime.La BAP a souligné à plusieurs reprises que la crise d’Haïti est une crise de l’impérialisme. Le gouvernement actuel d’Haïti, impopulaire et non élu, n’est soutenu que par les dirigeants impériaux de facto d’Haïti : la confédération inconvenante des pays et organisations du Core Group, ainsi que le BINUH (Bureau intégré des Nations Unies en Haïti), et une alliance floue d’entreprises étrangères et d’élites locales.

Henry et l’ONU se sont moqués de la souveraineté en prononçant le slogan « des solutions haïtiennes aux problèmes haïtiens », tout en trouvant la seule solution dans la violence par le biais d’une intervention militaire étrangère. Après avoir échoué à plusieurs reprises dans leurs tentatives d’organiser une force d’occupation pour protéger leurs intérêts et imposer leur volonté au peuple haïtien (y compris en faisant appel à l’organisation multinationale, la Communauté des Caraïbes [CARICOM] pour obtenir des troupes), ils ont maintenant trouvé un complice volontaire au Kenya, un pays d’Afrique de l’Est avec sa propre série de problèmes internes.

Comme l’affirme Austin Cole, co-coordinateur de l’équipe Haïti/Amériques de la BAP :
« Au mieux, le Kenya se laisse utiliser dans une violente ligne de marionnettes néocoloniales qui aboutira inévitablement à plus de morts et de pillage impérial pour les masses haïtiennes.Au pire, le Kenya y voit une occasion facile de servir les « maîtres » coloniaux et de s’attirer leurs faveurs pour des besoins politiques et financiers ».

En effet, quel est l’intérêt pour le Kenya ?Une occasion de former et d’augmenter les salaires des forces de police locales et d’obtenir une patine de prestige, ou au moins l’approbation de l’Occident. Et pour Haïti ?Des coups blancs d’une main noire et une érosion supplémentaire de sa souveraineté.

La BAP exige que le Kenya annule sa proposition d’envoyer 1 000 policiers en Haïti, tout en appelant le peuple kenyan à se joindre aux masses haïtiennes et aux voix radicales du monde entier pour condamner la poursuite de l’occupation et de la gouvernance d’Haïti par le Core Group et l’ONU.

Non à l’occupation. Non à l’intervention étrangère. Non à l’impérialisme de la face noire. Oui à la souveraineté. Oui à une véritable alliance panafricaine entre les peuples d’Haïti et du Kenya.

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