
Écrit par Rezo Nodwes, Haïti, publié le 18 novembre 2023
Le seul et unique projet du Premier Ministre de facto Ariel Henry et alliés pour Haïti pourra t-il se concrétiser ?
Nous ne sommes pas les seuls à constater que l’occupation d’Haïti déguisée en un déploiement de la Mission de Stabilisation et de Sécurité (MSS) autorisée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies constitue le seul véritable projet de l’équipe conduit par le Docteur Ariel Henry et ses alliés de la coalition PHTK/SDP/FUSION/INITE/RDNP, installée au pouvoir en Haïti par le Core Group et BINUH, suite à l’assassinat crapuleux de Jovenel Moïse.
Le plus ancien quotidien d’Haïti, Le Nouvelliste, dans un éditorial publié la semaine dernière écrit :
« Les annonces de millions pour Haïti se sont multipliées ces derniers mois. Sur le papier, les contraintes imposées par l’insécurité mises à part, on devrait s’attendre à voir dans certains quartiers de la capitale et dans certaines villes de province fleurir les chantiers et les inaugurations. Il n’en est rien.
Personne ne peut dire que les millions annoncés ont renforcé la Police Nationale d’Haïti, ont amélio-ré l’état des routes, ont permis d’avoir plus d’électricité, ont fait couler plus d’eau dans les robinets, ont créé des emplois ou toute autre réalisation qui pourrait adoucir la vie des Haïtiens. «
Ce n’est visiblement pas ce qui intéresse le gouvernement de facto de Ariel Henry et alliés.
Son projet , semble t-il, c’est d’amener une force étrangère en Haïti afin de garantir l’impunité à ceux qui ont dilapidé les fonds de PetroCaribe, du CIRH et commis tous ces crimes et massacres dénon-cés depuis plusieurs années sur une population livrée à elle-même.
Cependant, comme l’a fait remarquer le responsable de la Fondation ZILE, M. Edwin Paraison, une décision de la Cour Suprême du Kenya prévue pour l’année prochaine et inversant celle prise précédemment pour bloquer tout déploiement de force du Kenya en Haïti est encore nécessaire , en dépit du vote par le Parlement autorisant ledit déploiement.
Le Représentant du Kenya aux Nations Unies, intervenant le jeudi 17 novembre 2023 à la réunion du Conseil Permanent de l’Organisation des États Américains(OEA) , à choisi d’ignorer cette réalité, préférant mettre l’accent sur ce vote du 16 novembre du Parlement Kenyan contrôlé par le parti du Président RUTO .
De même, ce représentant du Kenya a également préféré ignorer au cour de son intervention les déclarations de son ministre de l’Intérieur, faisant du décaissement préalable pour le Kenya de plus de $200 millions de dollars américains, la condition sine qua non de tout déploiement de la force kényane en Haïti.
Et cela renvoie, comme l’a signalé également l’ancien Ministre Edwin Paraison , à la nécessité d’un vote du Congrès américain qui devra en 2024 , une année électorale aux États-Unis aux enjeux multiples et décisifs pour l’avenir des deux grands partis politiques aux États-Unis et du peuple américain dans une société en pleine ébullition, décider si l’Administration Biden pourra disposer des fonds nécessaires au financement de Cette intervention sous-traitée des États-Unis en Haïti.
Et considérant que la priorité de la politique étrangère de l’Administration américaine actuelle aujourd’hui n’est pas Haïti, même pas l’Ukraine, mais plutôt le Moyen Orient et Israël en particulier, des observateurs estiment que le projet caressé par Ariel Henry et ses alliés (l’entrée de force d’occupation en Haïti ) ne verra certainement pas le jour avant la fin du mandat qu’il s’est lui-même donné , le 7 février 2024.
D’autres observateurs plus pessimistes, émettent des doutes même sur le déploiement de la mission durant toute l’année 2024 , car les enjeux de cette année électorale aux États-Unis sont trop importants et les deux partis qui se discutent le pouvoir (Républicain et Démocrate) sont tellement divisés qu’il y a de forte probabilité qu’ils n’arrivent pas à s’entendre sur dossier haïtien, comme ils n’ont pas pu s’entendre sur le dossier Ukrainien.
D’ailleurs aujourd’hui, les Républicains et les Démocrates au Congrès n’ont pu s’entendre , après une deuxième menace de « ShutDown » , que sur un prolongement jusqu’à mi-janvier 2024 du budget du gouvernement fédéral américain. Le budget présenté par l’administration Biden à la Chambre des représentants pour l’année 2024 n’a pas été encore voté.
Bref , de sérieux obstacles , mais prévisibles, sont encore dressés devant le projet de Ariel Henry même pour l’année 2024, s’il arrive à s’accrocher au pouvoir au-delà du 7 février 2024.
Et tout cela , Ariel Henry et ses alliés le savent parfaitement bien. Mais ils continuent à faire semblant.
Il veulent nourrir une certaine attente au niveau de certaine partie de la population. Depuis 13 mois , Ils s’évertuent à faire croire au pays qu’une force étrangère viendra les délivrer de la fureur des gangs armés criminels.
L’exemple le plus clair de cette manoeuvre du régime PHTK et alliés vient de l’ex-opposant André Michel, aujourd’hui fidèl allié de Ariel Henry et du régime en place, qui, dans un message sur son compte Twitter/X, au lendemain du vote Par le Parlement , écrit :
« SDP bat bravo lakontantman pou desizyon Palman nan Peyi Kenya pran Jodi a kote l’ dakò pou Polisye Peyi Kenya yo vini ede PNH la kraze gang ak mete Sekirite nan peyi a. Depi 13 mwa SDP ap di nou pap ka soti nan anba gang yo san yon fòs entènasyonal.Mèsi Nasyon zini pou fòs la.
Majorite ayisyen ap tann fòs la.Moun Fontamara,Matisan,kafou fèy,Tòsèl, bèlè,badelma,Kanaran,kwadèboukè ap tann fòs la pou yo tounen lakay yo.Gwo Bisnisman,ti machann, elèv,pwofesè,madansara, chofè transpò,Dyaspora ap tann fòs la.SDP ap tann fòs la.SDP pap sipòte okenn GANG. « .
Des propos pour faire passer le temps et s’éterniser au pouvoir.
Pendant ce temps-là, le vrai programme du régime est mis en oeuvre .
Il s’agit en particulier :
Des activités des gangs armés criminels que le gouvernement de facto laissent s’etendre sur toute l’étendue du territoire national, dans la plus parfaite IMPUNITÉ, marque de fabrique du régime PHTK au pouvoir depuis plus de 12 ans en Haïti. Ce, dans l’objectif de maintenir sous contrôle la population.
Des enlèvements de paisibles citoyens qui continuent à un rythme soutenu. Les assassinats et les exécutions sommaires également. Les territoires perdus qui se multiplient. Désormais, après Martissant Croix-des-Bouquets, Carrefour, c’est le tour des habitants de Mariani, Leogane et Gressier d’entrer dans une situation de tourmente quotidienne, suite aux exactions des gangs armés dans ces zones.
Des chamailleries entre Jovenelistes et Martellistes qu se poursuivent au niveau cabinet d’instruction par rapport à l’affaire de ce coup d’État du 7 juillet qui a basculé en un assassinat crapuleux pour savoir lequel de ces deux composants du régime PHTK a contribué le plus à l’émergence de sa quatrième version.
Des grands pontes du régime PHTK sanctionnés par le Canada et les États-Unis ou indexés par l’ULCC qui continuent de se moquer de la justice haïtienne dans les médias qui leur offrent généreusement des espaces pour se défendre.
Du PM de facto qui se prépare à faire deux nouveaux déplacements à l’étranger avant la fin de l’année alors que la population ne sait plus quoi faire face à la fureur des gangs armés criminels.
De Madame Mirlande Manigat qui, après s’être rendu compte un instant que la population était livrée à elle-même, a tourné casaque . Elle soutient aujourd’hui fermement le maintien du pouvoir de Ariel Henry au delà du 7_février 2024 et écrit dans un communiqué de presse « Comme on le sait, les élections, c’est la finalité de toute transition. », faisant ainsi écho des déclarations de la respon-sable de la BINUH en Haïti qui écrit sur son compte Twitter/X : '' Le seul chemin pour sortir d’une transition politique ce sont des élections démocratiques, transpa-rentes et participatives. On ne sort pas d’une transition par une nouvelle transition (...). Ceux qui proposent une « nouvelle transition » s’éloignent des principes démocratiques et veulent imposer leurs intérêts individuels en oubliant les intérêts du peuple »
Comme si le régime PHTK ( 4ème version) installé suite à l’’assassinat de Jovenel Moïse était un régime de transition et que tous ceux qui demandent le départ du Premier Ministre de facto illégal et sans mandat réel, après deux années de mauvaise gouvernance, s’éloignent des « principes démocratiques ».
Enfin , la stratégie des trois Accords du régime PHTK pour garder le pouvoir en Haïti semble vouloir fonctionner. Bref, le régime PHTK se porte aussi bien que la population se porte mal. Mais jusques à quand ?