Une nouvelle audience du tribunal suprême du Kenya sur l’autorisation ou non d’un déploiement de policiers kenyans en Haïti

Écrit par Alter Presse, Haïti, publié le 10 novembre 2023 

Alors que le gouvernement kenyan conditionne le déploiement de ses troupes au financement des États membres de l’Organisation des Nations Unies (Onu), une nouvelle audience de la Haute Cour du Kenya, pour autoriser ou non le déploiement de policiers kenyans dans le cadre de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti, doit se tenir le jeudi 16 novembre 2023, selon des informations rapportées par Radio France Internationale (Rfi) dans un article consulté par l’agence en ligne AlterPresse. 

Contrairement à ce qui était prévu, il n’y a pas eu de séance, le jeudi 9 novembre 2023, à la plus Haute Cour de justice du Kenya, pour statuer sur le recours du parti kényan d’opposition Thurdway Alliance, qui a qualifié d’anticonstitutionnel le déploiement de policiers kenyans en Haïti. 

Dans l’intervalle, le gouvernement, représenté par le ministre de l’intérieur Kithure Kindiki, a fourni des précisions concernant les préparatifs du déploiement des policiers, lors d’une session, le jeudi 9 novembre 2023, de la commission mixte de sécurité de la chambre des députés et du sénat kényans sur le déploiement en Haïti de la Mmas. 

Les policiers du Kenya ne quitteront pas le pays tant que le gouvernement n’aurait pas reçu 225 millions d’euros (Ndlr : US $ 1.00 = + 140.00 gourdes ; 1euro = 143.00 gourdes ; 1 dollar canadien = 97.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.40 gourdes aujourd’hui) de l’Onu. 

Ce montant devra être utilisé pour la formation des troupes, l’achat d’équipements techniques, le transport, le soutien administratif, l’achat d’armes, de munitions et de matériels anti-émeutes, promet Kindiki devant les parlementaires. 

Ladite somme doit être mobilisée parmi les États membres de l’Onu, a recommandé le ministre devant l’assemblée parlementaire qui, jusque-là, n’a pas encore autorisé le déploiement des troupes kényanes. 

Plus de dix autres pays promettent de s’engager aux côtés du Kenya en Haïti 

Près d’une dizaine de pays auraient promis d’envoyer des policiers à la mission multinationale, qui sera déployée en Haïti, selon les informations du journal Kenyan, Nation Africa citant les propos de l’inspecteur général de la police du Kenya, Japhet Koome. 

Le Sénégal devrait envoyer 350, le Burundi aurait promis 250, et les Seychelles 190 policiers, selon Nation Africa. 

A côté de ces pays du continent africain, d’autres pays du continent américain incluant les Caraïbes, comme le Chili, l’Équateur, la Jamaïque et la Barbade, se seraient engagés pour envoyer, chacun, 200 policiers pour un total de 1,590 policiers qui s’ajouteraient aux 1,000 policiers Kényans. 

Le Kenya ne compte pas envoyer pas une force d’occupation en Haïti, a précisé Kithure Kindiki lors de la session du jeudi 9 novembre 2023 au parlement. 

« Nous envoyons une force pour soutenir les structures déjà existantes dans ce pays, sur la base de leur demande ». 

Les policiers Kenyans, qui seront déployés en Haïti, devraient être sélectionnés au niveau de diverses unités spécialisées, ayant l’expérience nécessaire pour accomplir les tâches qui leur seront confiées, a indiqué l’Inspecteur général en chef de la police kényane, soulignant combien les 1,000 agents devraient être déployés en Haïti sous le leadership d’un inspecteur général adjoint, qui sera le chef de la mission. 

Ce commandant en chef sera accompagné d’un commissaire de police, qui sera chargé de la gestion des opérations, d’un chef d’état-major et d’un responsable des logistiques, entre autres. 

Le deuxième niveau d’officiers à déployer en Haïti comprendrait cinq commandants, cinq commandants adjoints d’unités de police constituées et 25 autres officiers issus des services d’appui, des agents de renseignement de la police, des officiers de liaison et des officiers de service, selon l’inspecteur général de la police du Kenya, Japhet Koome. 

Il y aurait également cinq commandants de peloton - avec, chacun, cinq officiers de chaque peloton - et 25 autres officiers issus des commandants adjoints de peloton, 25 sergents et sergents supérieurs et 135 autres caporaux, dit Koome. 

« Nous avons soigneusement choisi ces officiers, les avons interrogés, vérifié leur aptitude médicale. Nous sommes convaincus qu’ils sont parfaitement préparés pour la mission à venir », a déclaré l’inspecteur Koome devant la commission parlementaire. 

« Je veux exhorter le Parlement à nous autoriser à déployer des officiers en Haïti, car ce qui se passe en Haïti ne peut plus continuer. Les violations des droits humains, qui y sont perpétrées, ne peuvent pas être tolérées », a-t-il ajouté. 

La tâche principale des policiers kenyans serait d’assurer le commandement général, de soutenir la police haïtienne dans les opérations et la planification, de renforcer les capacités des policiers haïtiens et de protéger les infrastructures critiques en Haïti, telles que les aéroports, les ports, les écoles et les établissements de santé, a-t-il également déclaré. 

Les officiers kényans garantiraient un accès sûr à l’aide humanitaire pour les Haïtiennes et Haïtiens, maintiendraient l’ordre public fondamental, procéderaient à des arrestations et à des détentions dans le plein respect de la loi. 

Il existerait des failles dans le déploiement envisagé des policiers kenyans en Haitien, ont souligné, de leur côté, les parlementaires kenyans, insistant sur de nombreuses lacunes qui resteraient encore à combler, notamment la question de leur assurance. 

Les parlementaires souhaitent que le nombre de policiers soit réduit à 500 officiers et que des indemnisations soient mises en place pour les familles qui perdraient leurs proches au cours de la mission en Haïti. 

Le déploiement de la Mmas est nécessaire pour soulager les souffrances en Haïti, a avancé l’expert indépendant de l’Organisation des Nations unies (Onu) sur la situation des droits humains en Haïti, l’Américain William O’Neil, lors d’une conférence de presse au terme de sa deuxième visite en Haïti, le mardi 31 octobre 2023. 

« Je pense que la mission va venir très bientôt. J’espère que le Kenya trouvera la solution pour le déploiement de ses policiers en Haïti », a anticipé William O’Neill, qui n’était pas en mesure de préciser de date pour le déploiement de la Mmas.